La voix du e-learning

Nous abordons

Voix in ou voix-off ?

Une voix off, qu’est-ce que c’est ? C’est la voix qu’on entend sans voir le locuteur. Elle est présente dans les films documentaires, la publicité, le e-learning, le film promotionnel, l’audio-guide, le jeu vidéo, le tutoriel…

En voix in, le locuteur est présent à l’image, on la retrouve également en publicité, dans les films promotionnels et bien sûr dans l’enseignement. Là, l’image du locuteur prend une réelle importance.

Pourquoi et comment se préoccuper de l'intelligibilité ?

L’intelligibilité c’est hyper important notamment en pédagogie. La pédagogie s’adresse à tout le monde, et on se forme à tout âge, tout au long de notre parcours professionnel. Il est donc fondamental que les personnes atteintes de troubles auditifs, dues à l’âge ou à un accident puissent elles aussi profiter d’un enseignement intelligible.

Il faut pour ça, que la voix soit captée avec du matériel de haute qualité et reproduite le plus fidèlement possible, à un niveau sonore constant.

Il faut aussi veillez à enregistrer dans un lieu doté d’une très bonne acoustique, si on a pas un studio sous la main, ça peut se faire dans une pièce petite non réverbérante – mate – et aussi que ce lieu soit parfaitement isolé des bruit parasites tels que circulation automobile ou travaux publiques, chien des voisin.

Dans le cas présent, on peut pas dire que ces critères soit bien respectés ! (!) ma pièce résonne.

Et puis, on doit porter une grande attention à l’équilibre tonal, c’est à dire l’intelligibilité des consonnes, car les consonnes sont naturellement moins fortes que les voyelles, mais elles sont essentielles pour la compréhension des mots.

Comme on perd un peu en qualité auditive avec l’âge, que les consonnes sont moins fortes, on les distingue un peu moins bien.

Si par exemple, on entend cabot au lieu de cadeau, la phrase perd tout son sens !

La courbe audio du mot kado

Qualiopi

C’est capital pour rendre un cours inclusif c’est à dire qui s’adresse à tous ou qui donne les même chances d’apprentissage à tous. C’est un critère de Qualiopi, le référentiel qualité de la formation. On se rend compte que le son touche à la physique, à la technique du son et aussi à l’humain : au placement de sa voix.

Impliquer l'apprenant

Je voudrais parler d’implication. Dans l’enseignement, il faut impliquer l’ apprenant en s’adressant à lui. Alors pour capter l’attention il faut s’impliquer soi-même et garder une énergie constante sur une durée qui peut être assez longue. Dans ce cas, on préférera la station debout et on accompagnera la voix par le geste, ça permet de mieux projeter la voix.

Et puis quand on lit un texte, on doit éviter que l’auditeur entende que le texte est lu, sinon, il décroche rapidement. Pour ça, on va utiliser les changements de rythmes, faire des césures, et puis jouer une mélodie en variant les intonations.

L'intention de la voix-off

Par rapport au micro, il y a une distance à respecter. Tout dépend de l’intention que l’on veut donner, si on veut être dans l’intimité on va se rapprocher du micro et puis on peut baisser sa voix comme ça.

Si on s’adresse à un ensemble de personnes, il faut un peu s’éloigner et puis projeter sa voix. Ça demande une maîtrise de sa voix et de sa posture.

Préserver sa voix pour mieux la placer

La voix, il faut la préserver, en prendre soin.

La voix a deux ennemis majeurs : on pense évidemment à l’obstruction de la sphère ORL causée par un rhume par exemple. Là on perd en intelligibilité, on parle du nez. C’est désagréable.

Et puis, on y pense pas forcément, l’excès d’acidité. on n’y prête pas forcément attention, mais selon notre alimentation, on peut avoir des reflux gastriques qui remontent dans l’oesophage et créent une inflammation des cordes vocales.

Une voix en bonne santé, c’est une voix qu’on va pouvoir placer plus facilement dans différentes hauteurs, sans fatiguer, sans forcer.

La posture du locuteur et la restitution de la voix

À part en publicité ou dans les jeux vidéo, on va utiliser sa vrai voix. C’est à dire une voix juste, qui ne triche pas. On ne cherche pas à séduire par des artifices avec un ton dramatique ou des effets théâtraux.

Pour être crédible, il faut parler vrai. La posture joue un rôle important pour adopter une voix juste. À chacun de trouver la posture qui lui convient le mieux, c’est très personnel.

Pour commencer, on se tient debout, bien droit, les deux pieds parallèles, bien ancrés dans le sol, la tête droite. On prend une bonne respiration, les mains à hauteur du nombril, et on se lance ! C’est important d’avoir les mains libres.

Quand on écoute sa voix enregistrée pour la première fois, c’est assez perturbant. On s’écoute et on se dit : « c’est pas ma voix, je ne la reconnais pas ». Et c’est normal, parce que quand on parle, on s’entend par nos oreilles, bien sûr, mais aussi et d’abord par notre système osseux, par les vibrations internes produites à l’intérieur de notre boite crânienne par les cordes vocales. Alors que l’auditoire nous entend que par ses oreilles. Le microphone reproduit uniquement le son qui sort de la bouche, il ne ment pas, l’enregistrement restitue ce que les autres entendent.

Il faut un peu de temps pour s’y habituer et l’accepter.

Trucs pour débuter

Essayer de trouver quelque chose pour ajouter sa feuille quand on lit un script pour éviter de faire du bruit avec sa feuille.

Eviter de tenir son micro à la main. Il vaut mieux avoir un pied pour avoir le corps complètement libre.

Microphones et accessoires de voix-off

En voix off, on peut débuter avec un micro cardioïde de type Audio-Technica USB AT2020+, c’est un bon micro, à un tarif très accessible, autour de 140 €. Il est pratique, a une sortie casque intégrée avec un ampli casque intégré. Il a un préamplificateur intégré qui permet de brancher sur l’ordinateur directement en USB, pas besoin d’une carte son externe.

Quand on est en proximité environ 20 cm, on ajoute un filtre anti-pop. C’est un écran en tissu qui évite les impacts des plosives[6] sur la membrane du micro.

Pour une voix in, tout dépend du contexte. Ça peut être un micro cravate, sans fil, si on a besoin d’être en mouvement. Ca se porte à la boutonnière, il y en a des pas très chers entre 40 et 60 €, sans fil c’est plus cher : environ 150€

Et puis il y a les micros type canon, hyper-directionnel, qui permettent de capter la voix à distance tout en préservant l’intelligibilité. Mais là, faudra ajouter une interface audio externe, ou carte son, sur laquelle on branchera le micro, et qui sera connectée en USB à l’ordinateur.

Sinon, on peut aussi brancher le micro directement dans un enregistreur audio de type Zoom H4n ou Tascam DR40x.

Toutes les solutions sont permises, à condition que la qualité de la chaine audio soit cohérente. Mais avant d’investir, il faut d’abord bien étudier ses besoins. Pour éviter d’acheter quelque chose d’inadapté à ses conditions de travail.

Et pour ceux qui imaginent faire des vidéo en prenant le son avec le micro intégré de leur PC, caméra, smartphone ou DSLR, qu’est ce que je peux dire ? Écoutez la différence !

Et, justement, pour écouter, on s’équipe d’un casque audio, fermé, neutre et confortable.

Je vous donne deux références : le Beyer DT 770 et l’Audio-Technica ATH M50x, autours de 130 euros.

Trois trucs pour enregistrer une voix

On peut utiliser un logiciel open source comme Audacity pour enregistrer ou importer le son sur son ordinateur. C’est basique, mais ça fonctionne.

En revanche, pour compresser, égaliser ou normaliser les niveaux, là c’est assez aléatoire. Il vaut mieux se tourner vers des logiciels payants et professionnels comme Reaper, il coute 60 € à vie. Mais qu’on utilise Audacity ou Reaper, ça demande quelques connaissances techniques dans le domaine du son.

Pour le traitement du son, l’intelligibilité est capitale. Pour la garantir, on peut accentuer de quelques décibels (dB) les fréquences moyennes et hautes de l’oreille humaine, sans dénaturer la voix, autour de 2000 Hertz et 8000 Hz. On peut accentuer entre 3 et 6 dB maximum pour augmenter la précision de la voix. Et appliquer un filtre coupe-bas vers 100 Hz. Bon, il faut agir avec discernement et modération !

Et puis aussi, compresser légèrement le signal pour atténuer les différences de niveau, adoucir la dynamique.

Un autre truc, pour garantir un niveau sonore constant sur l’ensemble de vos productions. Parfois on enregistre un jour puis le surlendemain. Il faut garder un niveau constant. il y a un outil en ligne qui compresse et normalise au niveau cible souhaité. Pour le web on cible – 17 LUFS. C’est gratuit pour 2 h de productions mensuelles. Et le résultat est vraiment top ! C’est Auphonic, outil en ligne (lien plus bas).

Voix humaine versus voix de robot

Dernièrement, beaucoup de progrès on été faits dans les voix de synthèse. L’ IRCAM fait énormément de recherche dans ce domaine, de même que les GAFAM[7]. Mais comme je le disait précédemment, pour impliquer et capter l’attention, il faut s’impliquer soi-même. Ce qu’une machine ne sait pas encore le faire. Les voix de synthèse fonctionnent très bien pour un tuto du genre « comment ouvrir un compte bancaire », mais pour faire passer de l’émotion par la voix, parler vrai, l’humain reste inégalé !

On a envie d’avoir un lien, une proximité avec son formateur et ce n’est pas la même impression si on a affaire à une machine qui lit une partie du cours.

François est comédien voix off et voix in. Il a été formé au théâtre, à la radio, au doublage de films. Il est aussi ingénieur du son pour le spectacle vivant et l’audiovisuel et enfin Il est sound designer ou illustrateur sonore.

François Jonquières voix-off

Quelques liens

Audacity : logiciel à télécharger pour monter et traiter le son. https://audacity.fr.softonic.com/

Auphonic : studio en ligne et automatique : https://auphonic.com/

Reaper : logiciel à télécharger pour monter et traiter le son. https://www.reaper.fm/

La voix-off

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